Bain turc pour les Suisses

Le pays co-organisateur du tournoi va rejoindre la Belgique au rang des hôtes de l’Euro n’ayant pas passé le 1er tour. Battus lors du premier match, tout comme les Turcs, les Suisses se sont encore inclinés (2-1), sur un but inscrit dans le temps additionnel (93e). Un affrontement disputé sous une pluie diluvienne durant 45 minutes, et sur un terrain gorgé d’eau. Mais au moins, les deux formations ont fait oublier les scènes de violence qui s’étaient déroulées lors de leur affrontement en novembre 2005, en éliminatoire du Mondial.


L’avantage avec deux équipes battues lors du premier match, c’est qu’elles ont l’ambition de gagner. Encore plus lorsque la Suisse retrouve la Turquie, avec le contentieux des matches de 2005 en tête. Le début de la rencontre était donc très alerte, avec des Turcs rapidement aux avant-postes. Mais une pluie diluvienne s’invitait au parc Saint-Jacques, compliquant sérieusement les velléités offensives des protagonistes. Les premiers à s’adapter à cette nouvelle donne : les Suisses, certainement plus habitués à ce temps-là. Le jeu long s’installait, les rapides Behrami et Derdiyok creusant quelques brèches dans la défense. Une frappe de Yakin était boxée par le portier turc (24e), puis un coup franc de Barnetta subissait le même sort (25e). La Turquie réagissait sur un coup franc de Nihat, juste à l’entrée de la surface de réparation et sur la ligne de 6m. Le capitaine frappait en force au premier poteau, le gardien suisse repoussant de la main sur la tête d’Arda qui terminait sa course sur le poteau (29e). Juste après, sur un long ballon, Derdiyok, sur le côté droit, driblait le gardien turc et centrait pour Yakin, tout heureux de voir le ballon s’arrêter dans une flaque d’eau, n’ayant plus qu’à le pousser dans le but vide (32e, 1-0). Le duo était tout près de doubler la mise sur un nouveau centre du grand attaquant, mais le ballon accélérait en rebondissant, empêchant le Suisse d’origine turque de cadrer le but vide (34e). Sur ce terrain gorgé d’eau, les glissades et les tacles mal-maîtrisés pleuvaient.

La pause intervenait sur cet avantage helvétique, mais les hommes de Fatih Terim revenaient des vestiaires avec la volonté de revenir au score. Et la pluie s’étant arrêtée, leur jeu se faisait plus limpide. Entré à la pause, Senturk, qui avait marqué un but non-validé car en position de hors-jeu quelques minutes avant, ramenait les siens d’une superbe tête, sur un non moins splendide centre de Nihat (56e). Tout était à refaire, mais les actions dangereuses étaient, contrairement à la première période, plus souvent à mettre à l’actif de la Turquie. Comme sur ce décalage pour Tuncay dont le centre passait devant Senturk (73e). A la 84e minute, sur un contre rapidement mené, la Suisse se trouvait à quatre contre deux, mais la frappe de Yakin, après un centre de Behrami et une remise en retrait involontaire de Derdiyok, était repoussée par Volkan. Cabanas se ruait sur le ballon, mais une flaque d’eau l’empêchait de frapper correctement, et le portier turc pouvait s’en emparer. Les Suisses se montraient de plus en plus dangereux, mais ce sont les Turcs qui passaient devant sur une frappe d’Arda déviée par Muller dans le temps additionnel (93e, 2-1). Une minute après, le coup de sifflet final retentissait, réduisant à néant les possibilités des Helvètes de se qualifier pour les quarts de finale. Un coup dur tant ce match, très alerte, avait été équilibré.



Réactions :
Hamit Altintop (milieu de terrain offensif de la Turquie) : "Je crois que nous avons mérité la victoire. Cela nous laisse une chance de nous qualifier. Les Suisses étaient sous une grande pression, même s’ils ont ouvert le score, ce qui nous a causé un choc. Pour le dernier match contre les Tchèques, ce sera une finale comme nous en avons déjà connu lors de la qualification à l’Euro, contre la Norvège et contre la Bosnie-Herzégovine. J’espère que nous jouerons mieux que les Tchèques".

Ernst Lämmli (délégué général de l’équipe de Suisse) : "Je suis resté sceptique après le 1-0. Quand les Turcs ont égalisé, ils ont rendu nos joueurs très nerveux. Ensuite, nous avons peut-être pris trop de risques, mais le match aurait aussi pu basculer de notre côté. Dimanche contre le Portugal, il faudra quitter le tournoi dans la dignité."

Eren Derdiyok (attaquant de l’équipe de Suisse, d’origine turque) : "Les Turcs ont eu deux demi-occasions de but qui se sont transformées en deux buts contre nous, c’est évidemment très amer. Au vestiaire, après le match, il régnait un grand silence. Tous les joueurs étaient déçus."

Hakan Yakin (milieu de terrain offensif de l’équipe de Suisse, d’origine turque) : "C’est difficile de trouver les mots pour exprimer notre terrible déception. Nous avons bien joué, bien mieux que contre les Tchèques. Le temps a joué un rôle, car avec cette pluie, le jeu en première mi-temps était une loterie. C’est le plus chanceux qui a gagné."

Valon Behrami (milieu de terrain offensif de l’équipe de Suisse) :"La déception est immense. C’est aussi difficile d’analyser ce genre de match. Nous avons bien joué et avons eu nos chances. On ne peut rien nous reprocher sauf peut-être un manque d’expérience. Ainsi, nous aurions peut-être dû commettre une faute tactique lors de l’action turque qui a mené au 1-2".

Köbi Kuhn (sélectionneur de l’équipe de Suisse) : "C’est une très, très grande déception. Après le 1-0, on a eu une chance de mener 2-0 et après le 1-1, de nouveau une chance de mener 2-1. Nous n’avons pas pu les saisir, mais je ne peux rien reprocher à mon équipe qui a tout donné. Nous avons aussi manqué de chance après les forfaits pour blessure d’Alexander Frei et de Marco Streller, qui ont constitué un handicap, mais cela n’est pas une excuse pour notre élimination. L’équipe et les supporteurs avaient de grands espoirs, mais cela n’a pas suffi. La Suisse survivra évidemment à notre élimination".

Fatih Terim (sélectionneur de la Turquie) : "Pour être franc, nous pensions que le pluie serait un avantage pour nous, mais nous ne nous attendions pas à ce que le terrain soit détrempé. Nous avons dû changer notre façon de jouer et nous adapter. J’ai prié pour que la pluie cesse. C’est un sentiment merveilleux. C’était ce qu’il fallait, les joueurs en avaient besoin pour leur confiance et je les félicite pour leur incroyable effort. Cette victoire nous donne beaucoup de confiance pour le prochain match (face à la République tchèque, ndlr). Nous sommes encore dans le tournoi. L’Euro commence aujourd’hui pour nous. Cela n’était pas facile, la Suisse est une équipe très forte, qui jouait chez elle, donc c’est une victoire importante. (sur Semih, le premier buteur, ndlr). C’est l’un de nos joueurs les plus importants, qui, à chaque fois qu’il rentre, est capable de faire la différence. C’est un buteur et nous attendions de lui qu’il marque et il l’a fait. Nous attendons toujours quelque chose de lui."