Spirou fête ses 70 ans

Le journal de Spirou célèbre cette semaine ses 70 ans, un record de longévité pour un journal de bande dessinée
Pour l'occasion, la statue du Manneken Pis, emblématique de Bruxelles, a été affublée lundi pendant quelques heures de l'uniforme rouge de Spirou.

Lancé à Charleroi (Belgique) par les Editions Dupuis en même temps que le personnage du même nom le 21 avril 1938, Spirou est un cas unique dans le paysage de la presse BD hebdomadaire.

Même si ses tirages ne sont plus ceux des années 1960, Spirou tire toujours à 90.000 exemplaires et revendique 300.000 lecteurs chaque semaine.

Créé par le Français Rob-Vel avant de passer entre les mains d'une demi-douzaine d'auteurs successifs, dont le plus illustre est le Belge Franquin, Spirou est resté le personnage principal du journal avec son inséparable Fantasio et leurs animaux de compagnie, Spip l'écureuil et le Marsupilami.

Aux aventures de Gaston Lagaffe, Boule et Bill (Roba), Lucky Luke (Morris), des Schtroumpfs (Peyo) ou encore des Tuniques Bleues (Lambil et Cauvin), ont succédé aujourd'hui celles du Petit Spirou (Tome et Janry), de Kid Paddle (Midam), des Nombrils (Delaf et Dubuc) et de Largo Winch (Francq et Van Hamme).

Entretemps, Spirou a perdu au fil des années ses concurrents, belges comme le Journal de Tintin (1946-88), ou français comme Vaillant/Pif (1945-93), ressorti toutefois en 2004 sous forme mensuelle, et Pilote (1959-1974).

Pourquoi Spirou a-t-il si bien résisté à la fin des années 70, une époque où le livre prenait le pas sur le journal ? "Spirou n'aurait pas résisté au temps s'il n'y avait pas eu une cohérence, fondée sur l'esprit d'impertinence, avec la complicité des lecteurs", selon Patrick Pinchart, un de ses anciens rédacteurs en chef (1987-1993 et 2004-2005).

Ce qui a sauvé l'hebdomadaire, selon lui, c'est aussi que le financier Albert Frère, natif de Charleroi, a compris, quand il a racheté Dupuis avec Hachette en 1984,, que le journal de Spirou était une "vitrine nécessaire", même s'il n'était pas immédiatement rentable.

"Un journal, surtout s'il a le prestige de Spirou, ça permet de roder les séries en les pré-publiant, de vérifier leur impact sur le public et d'attirer les jeune auteurs", explique Patrick Pinchart.

Spirou a été récheté en 2004 par le français Media-Participations et cherche à renouer avec le succès, après diverses formules plus ou moins axées sur le rédactionnel ou la BD. Son nouveau rédacteur en chef Frédéric Niffle veut renouer avec le "tout public", estimant qu'on "doit pouvoir lire Spirou de 7 à 77 ans".

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